A la lumière de la note de Bank Al-Maghrib (BAM) et de l’Agence nationale de la Conservation foncière, du Cadastre et de la Cartographie (ANCFCC) sur les actifs immobiliers, on constate une embellie dans le secteur. Explications.
On a coutume de le dire : « Quand le BTP va, tout va ». Cet adage est bien à propos après la publication de Bank Al-Maghrib (BAM) et de l’Agence nationale de la Conservation foncière, du Cadastre et de la Cartographie (ANCFCC) sur les actifs immobiliers. Lesquels ont connu leurs prix à la hausse durant le deuxième trimestre 2022 en enregistrant un bond de 0,4%.
Pour les deux institutions, l’indice des prix des actifs immobiliers (IPAI) s’est apprécié au deuxième trimestre de 2022 en glissement annuel. Cette évolution, expliquent-elles, est le résultat de la hausse de 1,8% des terrains et des diminutions de 0,2% du résidentiel et de 0,4% des biens à usage professionnel. Pourtant, à voir de près, on ne s’attendait pas à cette hausse aussi rapidement. En effet, comme le souligne un responsable de l’Association marocaine des agents immobiliers (AMAI), le marché connaissait, auparavant, une perturbation d’un stock important de biens immobiliers qu’il fallait liquider.
Pour notre interlocuteur, qui a requis l’anonymat, plusieurs promoteurs ont dû revoir à la baisse leur prix pour pouvoir vendre, surtout dans les petites et moyennes villes. Même à Casablanca et Rabat, cette tendance s’affiche de plus en plus dans les nouvelles zones urbanistiques comme Bouskoura, Rahma ou Nouaceur.
Selon notre expert, la plupart des ménages sont lourdement endettés et leur pouvoir d’achat est faible. « Cela les rend inéligibles au crédit. Il faut un volontarisme politique pour investir de nouvelles pistes plus innovantes afin de donner au secteur un nouvel élan », fait-il remarquer. Mais la dynamique du secteur a vite renversé la courbe.
Biens résidentiels
C’est ce que confirme cette note sur la tendance globale du marché immobilier au cours du 2ème trimestre 2022 de BAM et l’ANCFCC. Laquelle note révèle que le nombre de transactions a baissé de 22,5%, en liaison avec le repli de 20,4% des ventes des biens résidentiels et de 37,7% des terrains.
En revanche, les ventes des biens à usage professionnel ont progressé de 7,2%. Pour cet autre acteur, qui n’a pas caché sa satisfaction à la lecture de ce rapport en se souvenant de la période de Covid-19, « l’immobilier fait partie de ces secteurs lourdement impactés par la crise sanitaire qui sévit au Maroc depuis longtemps, accentuée par cette pandémie. Une situation certes inédite, mais qui ouvre la voie à une réflexion structurelle et profonde sur une éventuelle refonte de l’ensemble des branches d’activités ».
Il ajoute, en outre, que le cas de l’immobilier est un peu particulier du fait que ce pôle économique, qui contribue à hauteur de 14% du PIB et génère 1 million d’emplois, a réellement besoin d’un plan de sauvetage. Le secteur est, en effet, un grand corps malade et la Covid-19 ne fait qu’alourdir son tableau clinique.
Même si aujourd’hui la réalité prouve une autre analyse. Pour revenir au rapport de la BAM et l’ANCFCC, on remarque par catégorie d’actifs que les prix du résidentiel se sont dépréciés de 0,2%, en lien avec la baisse de 0,5% des prix des appartements. A l’inverse, lit-on dans la note, les prix des maisons et des villas ont respectivement augmenté de 0,5% et 1,2%.
Pour ce qui est des transactions, leur nombre a accusé un recul de 20,4%, reflétant des baisses de 21% pour les appartements, de 10,5% pour les maisons et de 15,8% pour les villas. Autre signal fort de ce rapport concerne le foncier. A ce niveau, les prix ont augmenté de 1,8%, et le nombre de transactions a reculé de 37,7%. Pour leur part, les prix des biens à usage professionnel ont reculé de 0,4%, avec une baisse des prix de 0,7% pour les locaux commerciaux et une hausse de 1,9% pour les bureaux.
Locaux commerciaux
De leur côté, fait savoir le document, les transactions ont enregistré une progression de 7,2%, résultant des hausses de 6,2% des ventes des locaux commerciaux et de 12,5% de celles des bureaux. En glissement trimestriel, l’IPAI ressort en hausse avant 0,2% au T2-2022, en lien avec l’augmentation de 0,3% des prix du résidentiel, de 0,1% de ceux des terrains et de 1,1% de ceux des biens à usage professionnel, indiquent les rapporteurs.
Quant au nombre de transactions, il a connu un accroissement de 4,6%, recouvrant une hausse de 8,1% pour les biens résidentiels et des baisses de 3,7% pour les terrains et de 1,9% pour les biens à usage professionnel, fait ressortir la note. Toutefois, toutes les villes ne sont pas logées à la même enseigne.
Ainsi, les prix ont connu au T2- 2022 une hausse à Casablanca de 0,6% et à Rabat et Tanger de 0,8% chacune, tandis qu’à Marrakech, ils ont enregistré une baisse de 0,3%. Pour beaucoup d’observateurs, cette embellie dans le secteur de l’immobilier serait la conséquence des efforts déployés par le gouvernement depuis 2021.
En effet, la LF 2021 avait prolongé au 30 juin 2021 la réduction des droits d’enregistrement pour les achats immobiliers instaurée dans la LF rectificative 2020. Cette disposition prévoit une baisse de 50% pour les actes portant acquisition, à titre onéreux, des terrains nus destinés à la construction de logements ou de locaux à usage d’habitation sans que le montant de base imposable total ne dépasse 4 millions de DH. La LF 2021 a également validé l’extension du cadre fiscal des Organismes de placement collectif immobilier (OPCI) pour concerner également les locations à usage d’habitation. Tout un train de mesures qui donnent aujourd’hui le sourire aux professionnels.
Source: www.lopinion.ma, article du Jeudi 18 Août 2022